UN PARASITE LOCALISE DANS L’HEMISPHERE NORD

La distribution du parasite semble peu liée à la répartition de ses différents hôtes. Même si on ne les connaît pas encore tous précisément, un certain nombre de facteurs (climat, végétation, nature du sol,…) sont déterminants (Aubert et coll., 1987; Gillot et coll., 1988; Pesson et Carbiener, 1989). La pérennité du parasite dépend de la rigueur climatique (Aubert et coll. 1987). On a longtemps supposé qu’une altitude de 500 à 700 mètres était plus favorable à la présence du parasite. Elle est, de plus, totalement inconnue dans l’hémisphère sud.

Répartition géographique mondiale

La première carte de la distribution géographique de l’échinococcose alvéolaire a été établie en Alaska (Rausch 1980), fondée sur l’inventaire des cas humains et vulpins par Rausch (1967). La présence de l’échinococcose est restreinte aux zones froides et aux régions montagneuses de l’hémisphère nord
En Amérique du Nord, c’est le renard arctique Alopex lagopus l’hôte définitif le plus important. En Alaska, l’affection est répandue chez les esquimaux (Gottstein et al. 1996). Au Canada (Manitoba, Saskatchewan,…) et dans le centre-nord des Etats-Unis, il semble que le cestode ait été introduit par des chiens amenés des régions d’endémie. On le rencontre dans les états du Nebraska, Iowa, l’Illinois, l’Indiana et l’Ohio, alors que le parasite n’est pas présent dans la forêt boréale.
Les régions de l’Est et du Centre de la Turquie (Uysal.V, Paksoy.N 1986) sont les plus touchées par le parasite.
La distribution de l’Echinococcose alvéolaire se limite en Iran, au nord-ouest du pays : quelques cas humains sporadiques ont été recensés ces dernières années.
D’autres pays sont infectés comme les provinces de Russie (Extrême-Orient), en Asie (îles japonaises d’Hokkaido et Kouriles) (Furuya.K, Nishizuka.M et al. 1990), en Sibérie centrale, Oural, Caucase, en Asie Centrale (Kirghizie, Ouzbékistan) et en Chine. Dans certains territoires de Chine (régions du Centre et du Nord-ouest), 6% de la population est atteint (Craig.PS et al. 1992).

Répartition géographique européenne

En 1999, le parasite était présent dans des populations vulpines de 11 pays européens (cf carte n°6): Allemagne, Autriche, Belgique, Lichtenstein, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Républiques slovaque et tchèque, Slovénie et Suisse. Par ailleurs des rongeurs infestés ont été découverts en Bulgarie, Norvège, Roumanie et Slovénie.
L’Italie jusque là indemne d’E.multilocularis vient s’ajouter à cette liste. En effet les travaux menés par Manfredi en 2001-2002 ont permis de localiser le parasite dans la vallée de Pusteria grâce à la collecte de renards, à quelques kilomètres de l’Autriche (Manfredi, Arc-et-Senans 2002).

En Europe, au cours des dernières décennies, il a été montré que la prévalence chez le renard a augmenté dans les zones d’endémie connues en Allemagne et en Suisse (Torgerson et al. 2010). Cette augmentation est apparemment liée à la densité de populations des renards. En Pologne, l’extension importante de présence du parasite chez le renard, est annoncée dans toutes les provinces du pays et particulièrement à l’est (Karamon et al. 2014).

De plus, La distribution spatiale du parasite s’est étendue vers les pays du nord, du sud et de l’est (Romig et al. 2006) où cette maladie n’était pas connue avant. Les pays récemment contaminés sont l’Italie du Nord (Casulli et al. 2009), Les Îles Svalbard en Norvège (Fuglei et al. 2008) et la Suède (Osterman et al. 2011). Enfin cette extension touche également la Russie ainsi que les pays baltes (Osterman et al. 2011) et la Roumanie (Siko et al. 2011).

Répartition géographique française

En France, c’est le renard roux Vulpes vulpes qui, le plus souvent, est porteur du ténia. C’est dans l’Est (Bonnin 1985, Bonnin et al. 1986), la Haute-Savoie (Euzéby, 1959) et le Massif central que les renards parasités ont été identifiés, avec une prévalence particulière en Lorraine où l’on a pu retrouver le ténia chez 25% des renards autopsiés (Artois et al. 1986, Aubert et al. 1987) et 47% en Haute-Savoie (Contat 1983).
En 1991, une carte de répartition du parasite en France a pu être dressée, en liant les cas humains à la présence du ténia chez le renard (Delattre et coll., 1991). Celle-ci a été réactualisée en 1998 par Depaquit et coll.. Le plus ancien cas humains en France fut décrit en 1890 chez un habitant de Thonon-les-Bains (Dematteis S. 1890). La carte permet de visualiser la répartition des diagnostics d’échinococcose alvéolaire en France entre 1982 et 2000 (http://www.eurechinoreg.org).
Le projet de cartographie du parasite en France poursuivi par l’ERZ, les FDC, les laboratoires vétérinaires départementaux, l’AFSSA-Nancy et l’Université de Franche-Comté de 2005 à 2010 montre une extension géographique d’Echinococcus multilocularis. Ainsi sur les 43 départements où celui-ci est recherché, le parasite a étendu sensiblement son aire de répartition connue sur 35 départements vers l’ouest et vers le sud. Dans les départements où Echinococcus multilocularis était considéré comme endémique, c’est-à-dire présent depuis très longtemps, la proportion de renards contaminés était estimée à 25 % environ. Dans ces secteurs, à présent, on trouve des zones où la prévalence monte à plus de 60 % de renards contaminés. C’est dans ces territoires (Franche-Comté, Lorraine, Rhône-Alpes) qu’on recense également le plus grand nombre de patients atteints (70 %).
Ces résultats ont été publiés dans la revue scientifique Emerging Infectious Diseases (article) et sont illustrés par la Carte 1 (Carte).

En 2016, un nouveau programme de cartographie a été initié par l’ELIZ en partenariat avec les FDC, les laboratoires vétérinaires départementaux, l’ANSES Nancy et l’Université de Franche-Comté. Cette étude indique une vraisemblable progression géographique du parasite sur le territoire français entrainant de fait, une augmentation de la prévalence chez le renard comme jamais signalée auparavant. Cette extension géographique semble s’effectuer depuis la zone d’endémie historique vers les départements voisins comme les départements de la Région Hauts-de-France, l’Aube, la Marne, l’Ain ou encore la Savoie.

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