Symptômes

Généralités

Ces symptômes sont extrêmement divers, et varient selon le pouvoir pathogène intrinsèque du virus, la zone des centres nerveux atteinte, et l’espèce contaminée. L’excrétion salivaire peut précéder de plusieurs jours leur apparition.

La durée d’incubation est elle aussi très variable, de 15 jours à plusieurs années, selon la quantité de virions inoculés et le siège de la contamination principalement (plus la plaie est proche de la tête ou touche des zones richement innervées, plus l’incubation et courte), mais aussi et dans une moindre mesure selon le type de souche et l’âge de l’individu contaminé. En moyenne , elle est de 15 à 60 jours chez le chien et le chat, et 1 à 3 mois chez les ruminants.

De même, la durée d’évolution varie de 12 heures à 15 jours, avec une moyenne de 3 à 4 jours.

Le tableau clinique est dominé par des troubles nerveux psychiques, moteurs et organo-végétatifs aboutissant presque toujours inexorablement à la mort. On peut les classer en :
– troubles psychiques : changement de comportement, avec par exemple des manifestations d’affection plus marquées, ou une agressivité exacerbée.
– troubles de l’appétit : perversion du goût, régurgitations ou anorexie du fait de la paralysie du carrefour laryngé, ou encore hydrophobie chez l’homme.
– troubles neuro-musculaires : difficultés de motricité pouvant aller jusqu’à la paralysie totale, ptyalisme permanent et exagéré entraîné par des difficultés de déglutition, changement de voix (paralysie laryngée).

Particularités des animaux domestiques

Chez le chien la rage furieuse et la rage paralytique se succèdent, mais l’animal meurt toujours paralysé. Lors de rage furieuse, des moments d’excitation succèdent à des phases de calme et de somnolence, puis l’animal devient de plus en plus agité, a des hallucinations, le timbre de sa voix se modifie. On peut constater du prurit au point d’inoculation, et une absence de sensibilité dans d’autres régions du corps. La déglutition devient de plus en plus pénible, puis l’animal devient réellement furieux : il fugue, attaque ses congénères et les humains, mange les objets les plus divers… Enfin, le chien est atteint de parésie, puis de paralysie débutant par le train postérieur ou les mâchoires, qui finit par se généraliser. Le chien meurt au bout de 4 à 5 jours, tétanisé, par paralysie des muscles respiratoires. Dans la forme paralytique, on n’a pas ou peu de troubles sensoriels, et les paralysies débutent par les régions les plus diverses avent de se généraliser ; le chien meurt en 2 à 3 jours.
Chez le chat l’évolution est à peu de choses près similaire, mais les symptômes parfois moins évidents en raison des habitudes solitaires de l’animal. L’animal meurt en 2 à 4 jours.
Les bovins parmi les principaux symptômes, émettent des meuglements rauques et continus, sont atteints de dysphagie (parésie des masséters), de constipation marquée avec coliques, efforts de défécation et de miction, d’arumination, d’anorexie et de météorisation. Enfin, les bêtes, parfois même les plus jeunes ou les femelles gestantes, présentent des signes de chaleur et d’excitation génésique.
Chez le cheval la sensibilité est exaltée, on note de l’excitation génésique, l’animal est très agité, présente souvent du prurit au niveau de la morsure, a un appétit capricieux, puis présente des accès de fureur, et enfin décède en 3 à 6 jours par asphyxie dans un état de faiblesse généralisée, après l’apparition de paralysies progressant très vite.

La rage des animaux sauvages

Ils perdent généralement leur prudence naturelle, s’approchent des habitations d’une démarche chancelante, ne fuient pas à la vue de l’homme ou d’animaux domestiques, se déplacent en plein jour.
Le renard attaque parfois les animaux domestiques, rarement l’homme; il décède en 3 à 4 jours après une phase de paralysie terminale, dans ou à proximité de son aire d’activité habituelle.
Les symptômes chez le loup sont proches de ceux du chien. L’animal devient très dangereux lorsqu’il est atteint de forme furieuse, étant donné sa taille et sa musculature puissante.
Chez les autres carnivores sauvages et les rongeurs sauvages, on retrouve essentiellement un changement de comportement, associé à de l’anorexie, de l’excitabilité ou une paralysie.
Enfin, les chiroptères infectés par la rage se distinguent par le fait qu’ils volent en plein jour, et peuvent mordre les personnes qui les approchent ou essaient de les manipuler. Les vampires peuvent même, en cas de forme furieuse, attaquer le bétail laissé en pâture.

Lésions

Il n’existe pas de lésion macroscopique spécifique à la rage, mais cette maladie entraîne diverses lésions microscopiques :

– non spécifiques : elles peuvent être dues à d’autres virus occasionnant des troubles nerveux (maladie de Carré, maladie d’Aujeszky…) ; il s’agit de lésions d’encéphalomyélite virale et de lésions ganglionnaires, vasculaires, périvasculaires (manchons histio-lymphocytaires périvasculaires) et cellulaires (gliose, satellitose, neuronophagie).

– spécifiques : les corps de Négri, inclusions éosinophiliques intracytoplasmiques de structure hétérogène, sont retrouvés dans la corne d’Ammon, les cellules pyramidales de l’écorce cérébrale, le cervelet… De forme ovalaire ou arrondie, mesurant en moyenne 4 à 5 microns, ils correspondent à des lieux de réplication intracytoplasmique du virus rabique. Ces corps de Négri, spécifiques de la rage, ont longtemps été le seul support diagnostique de cette maladie.

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